73 rue des Haies
75020 Paris France

Du mercredi au dimanche
De 15h00 à 19h00

plateforme
Exposition OUTLAND //

Du 28 janvier au 13 février 2022 //
Vernissage vendredi 28 janvier de 18h à 22h //

Ludovic Bernhardt / Philippe Boisnard / Philippe Calandre / Dominique Clerc
María Ibáñez Lago / Sabrina Ratté / François Ronsiaux
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exposition OUTLAND

Sabrina Ratté / Undream 2018, Video HD
Courtesy de l'artiste et de la galerie charlot

 

Son omniprésence est trompeuse, le paysage n’existe que pour celui qui le voit, l’imagine ou le crée. Loin d’être physique, il est avant tout une construction mentale. Dans ce genre bien particulier, les artistes ici réunis s’abstiennent de toute imitation et jouent chacun à des degrés divers avec la vraisemblance des représentations. Volumes, cartographies, photographies, vidéos ou créations numériques, ils génèrent de nouveaux territoires en lien avec leur époque. Répondant à leur mission, la réalité se doit ici d’être déformée, falsifiée, inventée, classifiée pour la rendre plus intelligible et sans doute plus digne d’intérêt.

Avec l’intelligence artificielle Philippe Boisnard propose des paysages post historiques et hypothétiques quand Sabrina Ratté juxtapose et mixe architecture et nature dans une vidéo riche en panoramiques et allers retours. François Ronsiaux sculpte sa vision des météorites dans une scénographie muséale et poursuit son projet exploratoire du 28ème parallèle. C’est dans une installation que Ludovic Bernhardt s’applique à cartographier, par la manipulation-parasite de codes, signes, et graphiques computationnels, l’état d'un monde déstabilisé par les puissances de la finance. En contrepoint Maria Ibanez Lago illustre avec délicatesse la part incongrue d’intrusion humaine dans un paysage de montagne. Philippe Calandre et Dominique Clerc créent ex nihilo des photographies de paysages entre rêve et réalité. Le premier dans une volonté de déconstruction assumée de l’image documentaire, le second se référant à une lecture plus directement politique du monde tel qu’il se présente.

Réunies, ces œuvres participent bien d’un imaginaire commun que chaque époque vient enrichir avec son histoire, ses inventions ou sa technologie. Tout bouge mais reste encore et toujours la permanence du paysage ou plutôt de son idée, source éternelle de désir et d’inspiration.

 

 


 

Ludovic Bernhardt

 

Magnesium sky 2019-2022
Table, impressions pigment sur Hahnemuhle, LED
120x120cm
Crédit photo : ©sanatorium_gallery

 

l'Installation Magnesium Sky présente une sélection d'images et de cartographies à l'aspect éclaté, territoires internationaux fragmentés, diagrammes perturbés, questionnant librement un aspect de la nouvelle "Fragments of a Hologram Rose" de l'écrivain William Gibson et sa représentation d'un terrain politico-économique irrationnel. Certains diagrammes présentés appartiennent au monde de la finance en connexion avec la crise de 2008 (Hedge fund fees, série des Crashed diagrams, US$/Barrel/Price).
Un poème mécanique "The no-sound of the first dark sea" vient soutenir l'installation par sa froideur répétitive. L'oeuvre "Political world" (cartographie) dévoile une représentation lamellée de territoires inconnus comme un cut-up cartographique.
L'ensemble propose un processus de combinaisons, de conjonctions entre médiums différents, comme une table de jeu où s'entrelacent des objets et des images, tissant une sorte d'écriture en réseau.

Production : Sanatorium Gallery, Istanbul.

http://www.ludovicbernhardt.com/

 
 

 

Philippe Boisnard

 

Disaster landscape XIX
California wildfires 2021
Photographie numérique crée par IA

 

Depuis 2014, une part de ma recherche interroge la mémoire post-humaine, à savoir la possibilité de la constitution d’un récit post-historique. Shape of memory était le premier versant, qui a été suivi par les différentes séries des paysages de la catastrophe, que j’ai inauguré avec l’événement de Fukushima. 
La post-historicté se définit comme une histoire qui ne serait pas le résultat de la conscience humaine. La pré-histoire est la période où l’humanité n’était pas encore dans la possibilité réflexive d’écrire son histoire. La post-historicité est un état hypothétique, où d’autres formes de représentations que celle d l’homme, pourront définir ce que fut l’humanié avant sa disparition. Il s’agit en ce sens de penser une archéologie du futur. Je pose comme hypothèse que les intelligences artificielles, une fois l’homme disparu enquêteront sur cet effacement, tenteront de reconstituer, aussi ce qu’était son corps, que l’histoire de sa fin. 
La série de création The rest of our body constitue ainsi la 5ème partie des Paysages de la catastrophe (Disaster landscape). Une intelligence artificielle tente de penser les derniers moments de l’homme et d’en donner une représentation. Elle le fait à partir de sa base de donnée. Ce qu’elle matérialise ce sont des énoncés à la fois historique et sociologique ("L’homme est enfermé dans un monde d’écran", "Le monde est exploité par l’homme" etc…) Tous les énoncés qui ont servi à créer ces images sont tirés d’articles et d’ouvrages qui mettent en évidence l’effondrement du monde humain.

http://databaz.org/

 
 

 

Philippe Calandre

 

Roof
Série
Zenith Island
Photographie murale

 

Mes recherches s’articulent autour de la déconstruction iconique, et de la question du pouvoir qu’exerce l’image photographique dans nos sociétés contemporaines.
On dit qu’ « Une photographie dépeint ce qu’elle veut », que son sens peut en être corrompu et qu’elle montre alors une chose et son contraire malgré son référent. Déconstruire l’image documentaire est devenu un enjeu fondamental qui repousse les limites du cadre et de la narration. Ce questionnement pose les jalons d’un bouleversement statutaire favorisé par l’avènement de l’ère numérique.
J’ai choisi l’architecture industrielle comme théâtre de monstration du fait de sa dualité avec le photomontage, par la juxtaposition et l’organisation des volumes assemblés en puzzle : silos, citernes, rampes, tapis roulant et fourneaux.
Déjà révélée par Bernd et Hilla Becher cette typologie architecturale m’a permis d’appréhender la liberté des formes et volumes posés dans l’espace.
Une usine est un ensemble d’accumulations de modules reliés entre eux, avec l’unique dessein de transformer la matière, pour en produire une autre.
Avec l’élaboration de mes photomontages, je fabrique de vraies fausses photographies d’architecture, je brouille les pistes de lecture et de perceptions, je prolonge la transformation de la matière et de l’image en opérant une inversion de processus ; l’usine ne transforme plus, mais c’est elle ici qui se transforme, et l’image ne montre rien qui puisse être l’incarnation d’une vérité tautologique, puisque le sujet a disparu.
A l’image du mode de conception industriel qui assemble un produit final à partir d’éléments fabriqués ou élaborés aux quatre coins de la mondialisation, mes constructions, par leurs organisations spatiales, font écho à la poésie de cette métamorphose contemporaine.
Philippe Calandre | 2020

https://philippecalandre.com

 
 

 

Dominique Clerc

 

Terra Incognita 08
Impression vynil
120 x 80 cm

 

Il est des paysages qui n’en sont pas vraiment. Banals, anonymes et donc peu dignes d’être immortalisés. C’est pourtant cette qualité qu’a choisi l’Europe pour se représenter sur ses billets de banque. Pas de figures illustres, pas de monuments iconiques ou reconnaissables. En cherchant le consensus pour ne privilégier personne, la banque centrale réussit surtout à souligner l’absence d’identité européenne. Sans repères ni symboles ancrés dans la mémoire de ses citoyens, elle amplifie délibérément l’idée d’un continent théorique, véritable terra incognita pour ses habitants.
Restent quelques fragments de ponts, frontons ou vitraux dont on ne saura jamais rien. Ni l’origine, ni l’algorithme qui les a créés. Tels qu’ils sont imprimés sur papier fiduciaire, l’ensemble suggère des paysages sans âme, presque apatrides tant ils semblent détachés de toute appartenance au réel. Les photographies qui suivent reprennent la même idée, anonymat, neutralité, interchangeabilité. Des natures mortes sur le même fond que l’on pourrait recomposer à l’infini. Compositions historiques sans histoire ou géographiques sans géographie. Tout un univers de possibles sans autre finalité que de nous apprendre que nous sommes précisément nulle part.
Ou bien au contraire au cœur d’une métaphore qui voudrait que l’Europe nous échappe dès lors que notre curiosité de citoyen voudrait s’en approcher.

https://www.dominiqueclerc.com/

 
 

 

María Ibáñez Lago

 

Bannière II
Impression sur sublimation, pièce textile brodée, 2019
Courtesy de l'artiste

 

Maria Ibanez Lago travaille à partir de l’inclusion dans des objets inusuels de l’image peinte, en prenant appui dans son pouvoir d’évoquer une dramaturgie selon la conception traditionnelle du théâtre occidental.
Elle répertorie la représentation de l’énergie dans différentes iconographies, tant scientifique (schémas de coupe, représentations d’ondes ou théories quantiques) comme de l’imagerie populaire (illustration, mangas, cinéma).
Le concept d’énergie est pris dans son aspect matériel et ses usages quotidiens comme celles obtenues à partir de l’exploitation des hydrocarbures et d’autres ressources naturelles extraites du sous-sol, mais aussi dans sa signification mystique et ésotérique.
Son travail veut dénoncer l’exploitation abusive des sources d’énergie comme une des responsables des inégalités et des conflits.  Elle conçoit des objets comme faisant partie d’une dramaturgie absente ou muette, à recomposer par le spectateur.
Le paysage est conçu comme un décor, devant lequel se déroule la scène. Par la soustraction des personnages, le pathos qu’ils véhiculent est omis. Cet enlèvement de l’action transforme l’image en décor prêt à accueillir une nouvelle scène ou le spectateur peut trouver sa place en tant que protagoniste.
L’image se forme à partir d’un ordre non hiérarchique de sources, comme celles proposées par un moteur de recherche. L’esthétique du collage est assumée en tant que tel, sans vouloir unifier ses composantes.

https://mariaibanezlago.com

 
 

 

Sabrina Ratté

 

UNDREAM - 2018
Video HD - 7minutes
Soundtrack by | Trame sonore de Roger Tellier Craig
Courtesy de l'artiste et de la galerie charlot

 

Inspiré par les photomontages de Superstudio - une force majeure du mouvement radical d'architecture et de design de la fin des années 1960, Undream dépeint un futur imaginé où l'utopie et la dystopie se rencontrent.  La vidéo invite le spectateur à l'intérieur d'un paysage isolé, surplombé par une structure monumentale, où l'architecture interfère avec le paysage. Emporté par les mouvements mécaniques de la caméra, le regard est suspendu au dessus d'un territoire abandonné entre environnement bâti et  monde naturel.

http://sabrinaratte.com/

 
 

 

François Ronsiaux

 

2004 MN4, astéroïde géocroiseur, détail
Installation sculpture, technique mixte, 2022
40 x 40 x 160 cm

 

Le 28ème parallèle est une recherche photographique et plastique structurée comme une fiction métaphorique, autour du phantasme d’une communauté universelle unique, celle longtemps rêvée par les régimes autoritaires, religieux et dictatoriaux.
Allégorie des théories du complot, le projet explore les frontières de la réalité et les systèmes modernes de manipulation des populations, dans la lignée des œuvres de science-fiction des années 70, mais dans une réalité bien ancrée et non loin de la philosophie de notre époque contemporaine.
Basé autour d’une communauté fantomatique dénommée « Guides », le 28ème Parallèle renoue avec le réalisme fantastique des années 60, partagé entre spiritualisme, ésotérisme et fantasme autour de nouvelles dimensions de perception.

http://francoisronsiaux.com
http://28emeparallele.com/