73 rue des Haies
75020 Paris France

Du mercredi au dimanche
De 15h00 à 19h00

plateforme
Exposition TEMPS SUSPENDUS //

Du 10 au 27 septembre 2020 //
Ouverture publique le 10 septembre Belleville Night de 14h à 21h dans le cadre
du réseau du Grand Belleville //
Vernissage jeudi 10 septembre de 18h à 22h //
Perfomances/lectures MyOwnDocumenta le samedi 26 septembre de 17h à 22h //

Annie Abrahams, Mathieu Arfouillaud, Lucie Belarbi, Ludovic Bernhardt, Stefan Brion, Philippe Calandre, Dominique Clerc, Romain Cogitore, Mikael Dufresne, Jean-Baptiste Grangier, Emmanuelle Gibello, Fanny Gosse, Young Chan Ko, Chloé Mossessian & Henry Mittnacht, Johan Parent, Eric Vernhes
//

exposition Amours

Dominique Clerc Welcome 006.

 

La planète et l'humanité vivent aujourd'hui un épisode pandémique de leur histoire qui a déjà eu lieu par le passé… Mais qui ne s'était jamais déroulé dans notre société consumériste et mondialisée. Outre le fait que tous les signaux écologiques sont dans le rouge, à cause des activités humaines et de la surconsommation, le monde a définitivement muté vers un fonctionnement bipolaire numérisé.
Ce contexte n'existait pas durant les grandes pandémies passées, à savoir : la possibilité de mener une vie sociale distancée et de voir le moi numérique dépasser le moi réel ; et la capacité à survivre socialement sans contact physique grâce aux artifices des outils du web 2.0.
Cette situation met aussi en exergue la fracture qui s'est creusée entre la réalité d'une société de service (et ses activités nécessaires au maintien du système actuel), et l'utopie d'une vie digitalisée, confinée et rendue possible sans déplacement physique.
Cette pandémie dévoile avec clarté l'impact négatif de l'homme sur son environnement (si tant est que nous n'étions pas déjà en mesure de le voir), mais aussi l'impact des phénomènes de distanciation humaine exacerbés par la société des médias, l'intelligence artificielle, ou les outils modernes de communication et de travail.
Elle révèle également la mise en application de projections futuristes, telles que les outils de surveillance et de maintien de l'ordre dans le monde, la reconnaissance faciale, les applications de suivi de la population, la diffusion des règles de sécurité par drone ou robots parlants.
Pour marquer sa réouverture au bout de 4 mois de suspension, Plateforme met à l'honneur la capacité des créateurs et des artistes à s'émanciper dans ces conditions de confinement et de surveillance.

 

Dans le cadre de Belleville Night du Réseau du Grand Belleville.

 

 

 

 

Dans le cadre de l'exposition 'Temps suspendus' qui se déroule du 10 au 27 septembre 2020, le site MyOwnDocumenta.art sera accessible dans la galerie via une tablette interactive et une soirée lui sera consacré le 26 septembre 2020 avec la programmation d'une dizaine d'interventions sonores et performées.

MyOwnDocumenta est une plateforme  artistique en ligne , un carnet de bord collectif où des artistes et auteurs publient au fil de l’eau des fragments de projets en cours ou archivés.

Initié en avril 2020 par David Guez, MyOwndocumenta compte à ce jour un corpus de plus 650 publications (textes, vidéos, sons…) proposés par 120 artistes (plasticiens, écrivains, musiciens,..).

Artistes : Daniel Foucard & Vincent Epplay, Pierre Escot, Emily Holmes & Victoria Donnet, Léna Fillet, David Fenech, Sarah Roshem & Julie Lojskine, Veronique Hubert, Roberto Martinez, SNG. Natacha Guiller, Human Koala, Charlotte Imbault, Hortense gauthier.

 

 

 


 

ROMAIN COGITORE

 

2015-2020
Tirage sur papier argentique 76 x 114 cm et installation monophonique, 5 min.

 

Sous la photographie d'une famille au milieu d'un no man's land, la captation sonore de 3 millions de personnes agglutinées dans Paris. Évocation de deux moments de notre histoire immédiate : 2015 et 2020.
L'installation invite à mesurer entre deux temps un écart dans notre perception de l'Autre. Au réalisme sonore documentaire répond un irréel photographique, où les impressions du spectre et de la perspective sont altérées. Par des figures d'oppositions, de miroirs et d'appels à notre mémoire collective sensorielle, Romain Cogitore nous interroge sur ce qui a glissé dans notre rapport à la foule, à la communauté et à la cellule familiale.

 

 
 

 

LUCIE BELARBI

 

La maison brûle,
Lucie Belarbi,
2020

 

Quelques mois avant le confinement, sous la demande insistante de mes enfants, j'ai dessiné une maison. Ma maison s'est révélée être à quelques coups de crayons prêts l'exact souvenir des maisons dessinées pendant mon enfance. Puis la première semaine du confinement, une amie me souffle la citation d'André Gide, De partout il faut pouvoir sortir

La maison brûle, journal de confinement

La crise sanitaire du covid-­‐19 a été l'occasion d'un repli des corps dans l'espace familial. La série questionne l'empreinte du corps dans la maison, qui révèle une ambivalence d'une maison à la fois contrainte et protectrice. J'observe les échanges des corps délimités au domestique où se dessine le corps filial, le corps architecture, le corps refuge. Le corps mimétique fait l'expérience de l'enfermement et les maisons brûlent comme un rituel symbolique. Les représentations organiques glissent vers le géométrique et révèlent l'épreuve qu'est devenu le mouvement du corps face à l'inertie d'un monde extérieur désormais statique. La maison brûle est une série en très grande partie réalisée pendant le confinement de la crise sanitaire du covid 19. Grâce à l'aide, la patience et la créativité de ma famille. Elle est constituée de deux citations photographiques, Femmes maison de Louise Bourgeois, Two stage transfer drawing de Denis Oppenhiem.

 
 

 

JOHAN PARENT

 

Wait,
Vidéo en boucle,
2020.

 

 

Wait est une vidéo qui présente un décor de salle d’attente. En dépit de toute présence humaine, une chaise isolée prend vie. Telle une respiration, l’assise de l’objet se met à gonfler jusqu’à sa quasi explosion, pour ensuite se dégonfler progressivement. La dimension sonore participe au caractère haletant de la performance.
De quoi est atteinte cette chaise ?
Cette dernière va-t-elle continuer de se dilater pour atteindre son point de non-retour ?
Paradoxalement, cette vidéo prend en otage et met dans un état d’attente le spectateur. Entre interrogation et inquiétude, ce dernier est le témoin à distance, d’un évènement qui le dépasse.

 
 

 

LUDOVIC BERHARDT

 

Le coronavirus a fait chuter les marchés boursiers en mars 2020,
142cm x 210cm,
Juin 2020,
Encre argentée peinte sur bazin (textile damassé africain).

 

 

Ma tapisserie Le coronavirus a fait chuter les marchés boursiers en mars 2020 (série des Crashed financial graphs) a été peinte durant les deux mois du "grand renfermement" (la période de confinement lié au coronavirus) comme l’analyse d’un méga-virus financier, métaphore d’une nocivité planétarisée. Cette oeuvre est le fruit d’une entreprise d’altération digitale d'un de ces graphiques "liturgiques" de la finance mondiale, altération menée en suivant l’évolution des courbes du coronavirus et des marchés en simultané. Durant le grand renfermement, j’ai réalisé une série d’œuvres digitales, les Crashed financial graphs, à partir de graphiques financiers produits au jour le jour par le milieu de la finance et les bourses internationales. À la base, ces graphiques montraient sous forme de chiffres et de courbes la chute des cours de la bourse, le début d’un krach boursier, l’avènement d’une crise économique majeur dont le Coronovirus aura été la cause. Mais cette catastrophe financière, cyclique, est avant tout le fruit d’une dangerosité intrinsèque au système financier, relié à un jeu d’interdépendances fondamentalement instables de l'économie de spéculation. Ce système chaotique, toujours susceptible de s’effondrer au moindre événement mondial imprévisible, agit immanquablement sur nos vies tel un virus.

 
 

 

FANNY GOSSE

 

Projection
Dyptique encadré, couture
2020.

 

«Projection» est une série sous forme de dytique où deux photographies placées en regard sont liées entre elles par des points de couture. La couture étant une des activités manuelles représentative de cette période confinée où gestes ancestraux, domestiques un peu désuets et presque oubliés ont repris tout leur sens et leur importance.
Mélanger couture et photographie est également une façon de faire communiquer deux époques (le passé et le présent), deux modes de vie (traditionnel et moderne), deux techniques (l'une ancestrale, l'autre actuelle) qui se complètent et s'enrichissent.
La première photographie, en noir et blanc, représente mon quotidien enfermé. La seconde, en couleur, est une projection de ce que pourrait être ce même quotidien sans privation de liberté. Placées l'une sur l'autre elles se répondent (que ce soit de manière formelle, de part leur construction, leur couleur, ou leur sujet) et semblent n'en former qu'une seule racontant sa propre histoire. Parfois évidente, parfois plus alambiquée, mais toujours tiraillée entre fantasme et réalité, entre besoin de solitude et nécessité de partager l'espace de vie, entre frustration du manque de lien social et confort dans son intériorité.
Ici le paradoxe (la complexité humaine) déambule sur ce fil de coton, objet réel et palpable auquel on peut se raccrocher si toute fois nous perdions l'équilibre entre rêve et réalité.

 

 
 

 

CHLOE MOSSESSIAN & HENRY MITTNACHT

 

HISTORY OF A DAY,
2020,
Court-métrage collectif, 25min

 

Pendant le Confinement, Chloé Mossessian et Henry Mittnacht ont donné carte blanche à 24 personnes ou duos (amis, famille, collègues) autour du titre : Histoire d'un Jour / History of a Day . Chaque participant a réalisé un film d'une minute tourné pendant l'heure assignée. De la contemplation d'un réel ralenti au film de genre, tous ont donné forme à une minute-heure de cette journée faite-main et vécue en puzzle dans divers espaces géographiques situés de part et d'autre de l'Océan Atlantique (Europe, USA).

En ordre chronologique,

un film-collage de : Eugénie Touzé (1h, Le Tilleul-Othon, France), Jue Yang (2h, Rotterdam, Pays-Bas), Adrien Van Melle (3h, Paris, France), James Conkling (4h, Vinalhaven, ME, USA), Claude & Laurence Mossessian (5h, Argelès-sur-mer, France), Laurène Barnel & Flore Eckmann (6h et 19h, Saint-Denis, France), Ken Grinde (7h, Missoula, MT, USA), Mathilde Geldhof (8h, Evry, France), Astrid Jourdain (9h, Troyes, France), Mona Darley (10h, Narbonne, France), Andy Bustin (11h, Portland, ME, USA), Forde Kay (12h, Nantucket, MA, USA), Stefano Marchionini & Vivien Ayroles (13h, Marseille, France), Raphaël Tiberghien (14h, Evry, France), Flavie L.T (15h, Paris, France), Roman Mardoyan-Smyth (16h, Oakland, CA, USA), Chloé Mossessian (17h, Paris, France), Tessa Gustin (18h, Paris, France), Juliette Guidoni (20h, Marseille, France), Nanda Golden (21h, Queens, NY, USA), Antoine Mossessian (22h, Vincennes, France), Victor Vaysse (23h, France), Henry Mittnacht (24h, Paris, France).

 

 
 

 

ERIC VERNHES

 

OSLO KAHN,
2020,
Impression numérique

 

POSSESSION

Lorsque les choses s'arrêtent, à l’occasion d’un confinement par exemple, des mécanismes dont on ignorait l'existence se mettent en mouvement, comme si les choses ne pouvaient se résigner à une inertie stérile.
Quelquefois, ces mécanismes insoupçonnés sont funestes. Quelque chose de terrible se met à s'exprimer dans la paralysie du quotidien. C'est ainsi que l'on a vu des gens commettre des crimes par ennui.
La naissance d'Oslo Kahn résulte de ce principe.
Il ne fait rien de ce que je fais. Il est très différent de moi. Pourtant il s'est imposé à moi et m'a instrumentalisé. Je ne revendique pas son travail, puisque je n'ai été que son ouvrier.
Je ne connaissais rien à l'imagerie 3D, "son" medium. J'ai donc dû apprendre sans fin ces techniques qui m'indiffèrent, cela nuit et jour, indéfiniment, jusqu'à tomber d'épuisement. Son travail est donc le résultat de l'envoutement d'un autre artiste, moi, en l'occurence, vidé de sa substance propre par le confinement.
M'a-t-il "mangé" ou me suis-je consommé moi-même ? Je ne sais pas et je n'ai ni le temps ni l’énergie de me poser la question car il me pousse toujours et encore à entreprendre des choses pour lui. Je croyais qu'en lui créant un site internet, qu'en écrivant sa bio et son manifeste, j'exprimerais ma différence et m'affranchirait de lui, mais c'est un échec : 
https://www.oslokahn.art/
Je vis dans la crainte d'un second confinement à l’occasion duquel il finirait par avoir ma peau pour de bon, au sens strict du terme, s'installant définitivement en moi, annihilant tout ce que j'ai créé jusqu'à présent.
Je me pose maintenant cette question : a-t-il quelque chose à voir avec le virus lui-même ? Les symptômes sont en effet si variés… les mécanismes d'infection si méconnus...
Afin de tenter d'expurger cette personnalité parasite, la galerie Plateforme à Paris dans le XX ème a pensé qu'il pourrait être souhaitable de l'inclure au sein de l’exposition « temps suspendus ".