Exposition ( … ) WORDS DON’T COME EASY
Du 15 au 30 mars 2025
▶︎ Vernissage le vendredi 14 mars 2025, de 18h à 22h
▶︎ Concert de Michel Guillet le dimanche 30 mars à 17h

Jean Baptiste Couronne / Michel Guillet / Marie Jeanne Hoffner / Guillaume Janot / Olivier Nottellet / Martin Lord / Marine Pagès / Jean Marc Thommen
Commissariat Marie jeanne Hoffner
« La langue inconnue, dont je saisis pourtant la respiration, l’aération émotive, en un mot la pure signifiance, forme autour de moi, au fur et à mesure que je me déplace, un léger vertige, m’entraîne dans son vide artificiel, qui ne s’accomplit que pour moi : je vis dans l’interstice, débarrassé de tout sens plein. »
Roland Barthes, ‘L’empire des signes’, 1970
Rejouant les prémices d’un langage, l’exposition s’organise autour des notions de signes et de gestes, qui apparaissent comme un dialecte des origines.
Composées de sons, d’images au mur, d’images en mouvement, de traces dessinées ou encore de formes sculptées, les œuvres présentées tissent un lien entre image et hypothèse de représentation. Elles tentent d’établir et d’organiser un réseau de signes en un alphabet précaire.
Comme à l’aube de l’humanité, chacun des artistes, commence à inscrire les mots par l’image… À l’exemple de l’aleph, où une vache prête ses traits à l’épure de notre lettre A.
Dit-on d’une langue qu’elle est abstraite ?
Probablement, car en abandonnant la figuration, elle s’est ouverte au sens, à l’évocation, puis le signe est devenu son, pour n ‘en conserver plus que sa sonorité.
Alors avant d’être une phrase, ce serait une écholalie, car l’exposition propose des combinaisons de signes qui sans cesse se réinventent par de possibles traductions, représentations d’un réel en constante interrogation.
L’exposition se saisit de formes en transition : une lettre presque formée, une trace à peine esquissée, une image sortie d’un jeu de memory, un objet qui semble déjà vu et pourtant tout se brouille avec des images floues, aux découpages aléatoires, c’est une boucle dont les repères échappent au sens.
Les artistes s’évertuent pour en restituer une possible cartographie, mais peut-être est-ce un rébus. Un bégaiement qui initie des débuts de phrases, une transmission, pour laquelle les artistes de « (…) words don’t come easy », se font les passeurs de nouvelles grammaires.
C’est ce qui est à l’oeuvre chez Jean Marc Thommen qui créer des rencontres visuelles, où les gestes produits sont déplacés pour créer de nouvelles associations, comme dans les collages de Martin Lord, construits en équilibre précaire, ou avec les sculptures taillées dans le bois de Jean Baptiste Couronne, qui opèrent des retournements de sens.
Les alphabets de Marine Pagès échappent à la lecture par des superpositions de lignes et de couleurs, ou avec Olivier Nottellet le registre de formes et de couleurs est autant l’indice que l’index, provoquant une permutation de combinaisons à l’infini… Pour Marie Jeanne Hoffner le lieu sert de partition, jouant avec l’image de l’espace, combinée à des gestes, évoquant plis et déplis …
L’oeuvre photographique de Guillaume Janot, s’empare du réel, déjouant ses évidences trompeuses, tandis que Michel Guillet, créer la voix et la mise en dialogue sonore de l’exposition, mélant image et son, entêtant, comme la boucle de Gertrude Stein : a rose is a rose is a rose…
C’est l’image qui fait signe, ou plus précisément sa mémoire et sa transmission, mais sa forme s’efface. Si les mots ne sortent pas facilement c’est bien qu’ils sont formés de paysages et de langues oubliées.

JEAN BAPTISTE COURONNE

Vit et travaille à Paris
L’objet, en tant que matériau, habite le travail de Jean-Baptiste Couronne. Toutes sortes d’artefacts s’amoncellent dans l’atelier et prennent peu à peu leur place dans des compositions évoquants et jouants de l’équilibre et de l’inévitable loi de la gravité. Les objets sont ainsi placés et déplacés, pour former des agrégats dont les compositions hybrides sont pensées, non sans humour, par les formes, les matières et les couleurs.
Le processus est au cœur du travail de Couronne, car il ne s’agit en aucun cas de s’arrêter sur une forme en particulier, mais plutôt de convoquer tous les possibles. Ainsi, dans cette perpétuelle transformation, chacune des pièces forme une étape de ce mouvement.
Parallèlement à ce travail d’assemblage, qui est tout autant à l’œuvre dans ses collages, J-B. Couronne s’attelle à une pratique du faire et de la fabrique, avec une prédilection pour la taille. Ses objets déjouent leur capacité à être du mobilier, se déplaçant…par un pas de côté, pour redevenir tout simplement des objets sculptés.
Titre : ‘Sans Titre (Sabot -vernis à ongles)’, Paires de sabots en bois sculptés, vernis à ongles, 2024-25
Crédit photo : JB Couronne

MICHEL GUILLET

Vit et travaille à Fontainebleau
Plasticien et compositeur, Michel Guillet articule son travail sur le rapport entre identité et espace quotidien. Il crée des installations, objets, wall-paintings, qui remettent en cause les codes admis de la représentation, autour de la notion « d’habiter ».
Dans ses pièces sonores, il développe une musique électroacoustique et bruitiste. Ses compositions en tension créent des espaces fragmentés, hétérogènes et en perpétuel mouvement, qui visent à créer une continuité avec du discontinu.
Depuis 2020, ces deux pratiques sont associées, dans la réalisation de films low-tech. Les premiers sont motivés par son intérêt pour l’œuvre de l’écrivaine Gertrude Stein. Les films récents marquent un retour à son propos premier sur l’habitat standardisé et la question de l’identité fragmentée.
Titre : Michel Guillet – ‘The unadorned sky’, video screenshot, 2025
Crédit photo : Michel Guillet

MARIE JEANNE HOFFNER

Vit et travaille à Paris et Châteauroux
La pratique de Marie-Jeanne Hoffner, souvent in situ, se nourrit d’experiences et de lieux vécus, d’indices formels et sensibles. Du dessin à la photographie et à la vidéo, en passant par le volume et l’installation, elle s’intéresse aux questions de l’architecture et de la perception de l’espace.
Le processus à l’oeuvre se déploie au travers de l’image et de son lien aux gestes, en utilisant les moyens de reproductions comme la scanographie ou le cyanotype, où la trame et le pliage, en sont des sujets récurrents.
« Les dessins, vidéos et installations de Marie-Jeanne Hoffner ont pour point commun le langage de l’architecture. Le plan, l’axonométrie, la perspective et la coupe sont son vocabulaire courant. Pourtant, son œuvre ne tient pas du projet, elle ne vise rien de fonctionnel. Elle s’intéresse à la manière dont l’être occupe l’espace, elle s’intéresse à « l’habiter » et non à « l’habitat ». L’architecture était dès l’antiquité associée à la mémoire et au langage, où elle était un modèle mental pour l’art de la rhétorique. Elle est ici le seuil d’une œuvre qui, entre archéologie et prospective, donne accès à un territoire de l’intériorité. »
Olivier Grasser
Titre : Marie-Jeanne HOFFNER – ‘JPEG (Calque de travail)’, Vue installation Biennale de L’image Tangible, Paris, 2024
Crédit Photo MJ Hoffner, © Adagp,Paris

GUILLAUME JANOT

Vit et travaille à Lyon
Représenté par la Galerie Alain Gutharc, Paris
Depuis le milieu des années 90, Guillaume Janot développe un travail essentiellement tourné vers le médium photographique autour de la question de l’identité des lieux dans l’imaginaire collectif, à travers des corpus comme Entering Belfast (2002), Ecostream (2007- ), Roses And Guns (1995-2016) ainsi qu’un travail de portrait impliquant aussi bien la mise en scène qu’une réflexion sur la photo de rue comme genre photographique, Figures (1995- ).
L’artiste joue constamment avec les modes opératoires qui lui sont propres, souvent aux limites du cliché, du faux-semblant (National Trust, 2022) ou de la référence, en déployant un dialogue entre portraits, paysages et natures mortes. Si le travail de prise de vues s’ordonne souvent en séries menées de front et parfois sur de longues périodes, ses expositions et ses livres privilégient généralement une redistribution des corpus, un éclectisme assumé que sous-tend une, voire plusieurs trames, plutôt qu’un point de vue unique ou sériel.
Titre : Guillaume Janot – ‘Lieux communs’, Ensemble de photographies couleurs, depuis 2002
© Adagp, Paris
Crédit photo : Guillaume Janot

MARTIN LORD

Vit et travaille à Paris, France.
Après avoir étudié le graphisme, Martin Lord a complété son parcours académique à l’École des arts visuels et médiatiques de l’université du Québec à Montréal, incluant un séjour d’étude à l’École des arts décoratifs de Strasbourg. Depuis, son travail a été présenté dans le cadre d’expositions individuelles et collectives. En parallèle, il a participé à plusieurs résidences et workshops, qui ont nourri sa pratique artistique en profondeur.
Le travail de Martin Lord explore des assemblages déconstruits, oscillant entre souplesse et rigidité, tendresse et désuétude émotionnelle. Ses dessins plongent le spectateur dans un univers singulier, où coexistent une abstraction humaine et sensible, des formes mystérieuses proches du végétal, et des variations géométriques jouant sur les courbes et les droites. Ce va et-vient entre figuration et abstraction s’enrichit de l’ajout de textes et du collage, techniques qui amplifient la dimension hybride et troublante de ses œuvres. Cette alchimie unique produit ce que l’on pourrait qualifier de « monstruosités » picturales, à la fois fascinantes, déroutantes et évocatrices.
Titre : Martin Lord -‘Question’ dessin, techniques mixtes sur papier, 2021
Crédit photo : Martin Lord

MARINE PAGÈS

Vit et travaille à Paris.
Représentée par la galerie Bernard Jordan à Paris.
Depuis 2009, elle codirige Roven éditions avec Johana Carrier.
Elle déploie un travail de dessin sur papier et de volume (installation, bois, papiers…) en réalisant des va-et-vient entre ces deux médiums et construit dans l’espace de la feuille des structures fragiles mais possibles, issues de mémoires d’armatures ou de corps. Depuis quelque temps, des dessins de mots ou de lettres apparaissent sous la forme d’onomatopée créant des jeux formels et sonores.
Titre : Marine Pages – ‘Olivier, jean marc, martin, marie jeanne, jean baptiste, michel, guillaume, marine’, techniques mixtes sur papier, 2025
Crédit photo : Marine Pagès Adagp,Paris

OLIVIER NOTTELLET

Vit et travaille à Lyon
Dessinateur et peintre, Olivier Nottellet transforme ses carnets en installations parfois monumentales qui utilisent aussi bien la peinture que des objets manufacturés.
Sa méthode emprunte au montage cinématographique pour livrer un univers singulier et poétique, parfois drôle et absurde, souvent habité de silhouettes masculines et bureaucratiques. Il s’attache à transformer et à questionner les espaces qu’on lui confie, privilégiant les hypothèses de récits et la multiplication des points de vue.
Les mots, le langage viennent de plus en plus structurer ses dispositifs qui ambitionnent de fracturer nos compréhensions pour préserver les zones du possible trop souvent asservies à l’univoque.
Titre : Olivier Nottellet – ‘Painting writes me’, Peinture murale, Musée d’art moderne de Gyeonggi, Ansan, Corée, 2018
Crédit photo : Illés Sarkantyu © Adagp, Paris

JEAN-MARC THOMMEN

Vit et travaille à Montreuil
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris (ENSBA) en 1992, Jean-Marc Thommen questionne les champs de l’abstraction contemporaine depuis une trentaine d’années. Tableaux, dessins, peintures murales déclinent gestes et couleurs selon des protocoles intuitifs et singuliers. Variations et séries organisent successivement son travail en une suite de phénomènes libres et construits. Le travail de Jean-Marc Thommen est régulièrement montré en France et à l’étranger. À Paris, il est représenté par la Galerie Idéale de Damien Lévy.
« Sans cesse en mouvement, Jean-Marc Thommen poursuit ses recherches formelles sur le rythme et la composition grâce notamment au collage qui lui permet de faire vivre différentes énergies picturales dans une même composition. On y retrouve la ligne, l’aplat, le dégradé, la transparence, la géométrie et bien sûr la couleur et ses intensités variables. (…)
Fragmenter la figure pour en extraire le motif, ajoutant ainsi une complication au mouvement de son œuvre tout en restant dans l’équilibre pur d’un jeu libre entre fond et forme ».
Damien Lévy, Galerie Idéale, Octobre 2024
Titre : Jean Marc Thommen – ‘Série Noire/2’, technique mixte et tirage offset sur papiers assemblés, 2024
Crédit photo : Benoit Jeanneton
