Exposition INTROSPECTIONS
Dans le cadre des cartes blanches écoles d’Art / Paris 8 

Du 08 au 24 mars 202

▶︎ Vernissage le vendredi 08 mars 2024, de 18h à 22h

Javier Calvete / Jongwon Choi / Mariem Thabet / Snow /

Quatre artistes aux origines différentes et aux points de vue contemporains sur la nature de l’identité humaine.

Qu’est-ce qu’aujourd’hui d’être au monde ? Quelle place occupe l’individu.e dans l’espace réel et celui du numérique ? Comment est impacté le corps par la dissolution et le trouble grandissant des certitudes de la période moderne ?

Chaque artiste propose une exploration différente de la nature de l’image photographique au jour de ces questionnements.

Que ce soit dans sa présence, son absence ou sa dissolution, le corps y devient la surface de cette recherche introspective et le symbole de l’expression intime, qui s’extériorise dans l’image. Cette dualité de l’intériorité de la vie psychique exprimée dans l’extériorité matérielle de l’image, une forme d’extimité comme pourrait la nommer Serge Tisseron, est au coeur de chacune des oeuvres et constitue une invitation aux spectateur.ices à pénétrer un terrain de la rencontre et de l’altérité, aux infinies possibilités d’expressions intimes.

Javier Calvete

Ce travail porte un regard holistique sur des réalités diverses : depuis les textures et les fissures des sols, des murs et des fenêtres (Cicatrices / 2013); jusqu’aux visages de ceux qui dorment (Onirique / 2015) ou ceux qui se souviennent de leurs proches à partir d’objets (Inventarîum / 2015). Il s’agit du cyclope qui observe à travers plusieurs dimensions en pensant au temps et à la réalité ; une espèce de narrateur omniscient qui reflète dans l’image le contrepoint entre d’une part les faits et les objets, et d’autre part la conscience et les pensées de ceux qui les entourent. 2 La mort ouvrant la voie à la mémoire, et cette dernière bravant la première, voilà le leitmotiv d’une oeuvre composée de projets qui cherchent à se rapprocher de cette question depuis des angles différents.

En présence de l’absence / 2012

Avec ce registre photographique, il s’agit de se rapprocher des espaces et des objets de ceux qui d’ordinaire les occupaient et les utilisaient. Une série de photos représente une construction maintenue intacte par son habitant, elle a été réalisée après la mort de celuici. Sa famille avait décidé la démolition de la construction en question pour différentes raisons.

Un tel événement peut nous conduire à nous poser plusieurs questions sur les espaces et les objets que nous-mêmes occupons et utilisons quotidiennement, parmi celles-ci, une des plus pertinentes serait peut-être la question suivante :

Quel sens avaient ces espaces et ces objets pour celui qui est mort, et désormais, pour ceux qui sont vivants ?

 

Jongwon Choi
Mes-moi

« Je suis né très loin de là où je suis censé être, donc je suis sur le chemin de retour »
Bob Dylan

À l’été 2018, dépourvu d’expérience artistique préalable, j’ai entamé un voyage dans le but de découvrir les différents fragments qui constituent le moi possible. « Mes Moi », un récit d’autofiction, débute ainsi avec un appareil photo que j’ai acheté dans une boutique duty-free à l’aéroport et qui devient rapidement le témoin silencieux de mes pensées les plus intimes. À travers les images photographiques, j’explore les moments fugaces de la vie quotidienne, révélant les paysages intérieurs qui se déploient. Au fil du temps, mon expression artistique va au-delà d’une simple prise de vue photographique. La littérature, initialement étrangère à mon parcours, s’est révélée comme un élément essentiel de mon exploration personnelle. Les mots se mêlent subtilement aux pixels des images, ajoutant une dimension supplémentaire de profondeur et d’émotion à mon exploration intime. Ainsi, ce voyage est aujourd’hui à la fois tangible et imaginaire par le biais d’incessants allers-retours entre l’image et le texte, explorant les multiples facettes de moi à travers des expériences personnelles, des rencontres fortuites et des objets du quotidien.

Mariem Thabet

Dans mon travail, je cherche à transcender la simple représentation visuelle pour plonger dans les profondeurs de la condition humaine à l’ère du numérique. Inspiré par la phénoménologie, je déconstruis délibérément les portraits, les fragmentant et les recomposant pour refléter la nature multiple et évolutive de notre identité. Les oeuvres visuelles deviennent ainsi des fenêtres ouvertes sur l’expérience vécue. Chaque détail manipulé incarne une perspective, une strate de cette complexité humaine que nous sommes invités à explorer. Les éléments numériques introduits dans mes compositions ne sont pas simplement des accessoires, mais des médiateurs entre l’homme et le monde, soulignant la manière dont la technologie devient un aspect intrinsèque de notre compréhension de nous-mêmes. Les manipulations numériques créent des images qui défient la frontière entre authenticité et reproduction, évoquant une réalité où la frontière entre le tangible et le virtuel s’estompe, remettant en question la nature même de notre existence. Les portraits deviennent des chimères d’organique et de technologie, des êtres hybrides illustrant la symbiose entre l’humain et la machine.

Snow

Chacune des oeuvres présentées est une proposition de réflexion autour de la matérialité du corps en écho avec celle de l’image. La transparence du support, la visibilité de la trame d’écran, la déformation numérique ou la découpe de l’image sont autant de paramètres de l’image qui rendent tangible une vie émotionnelle interne, trouble et étrange. Le devenir-image du corps, tendant vers l’animal et le surnaturel, met en question les modalités de l’identité et de la représentation de soi que la photographie simultanément offre et impose, dans une société où l’image photographique de soi est un prérequis à l’exercice de ses « libertés ».