Exposition CABANE Repli

Du 14 mai au 01 juin 2025

▶︎ Vernissage le jeudi 15 mai 2025, de 18h à 22h
▶︎ Performance collective de David Guez le 15 mai

Rodolphe Baudouin / Philippe Calandre / David Guez / Amélie Labourdette / Sandra Matamoros / Muriel Patarroni

Commissariat Muriel Patarroni et Frédéric Lorin

Avec le soutien de Culture Foundry

Dans un monde saturé par la vitesse, les sollicitations permanentes et les exigences sociales, la cabane s’impose comme un symbole puissant : non pas celui d’une fuite, mais d’un repli choisi, d’un retour à l’essentiel. Elle devient un espace liminaire, situé à la frontière entre le dedans et le dehors — un abri rudimentaire où l’être humain se retire non pour disparaître, mais pour mieux se retrouver. Par sa structure simple et dépouillée, la cabane rompt avec le confort standardisé de la modernité. Construite avec peu — bois, matériaux récupérés, éléments naturels — elle s’élève souvent au coeur de la nature, dans un isolement volontaire. Cet éloignement géographique traduit aussi une mise à distance symbolique des conventions, des apparences, des injonctions sociales. Elle offre un silence que les villes ont oublié, un temps lent, rythmé par la lumière du jour, le bruit du vent, le cycle des saisons. Dans cette sobriété assumée, elle devient le cadre d’une expérience intérieure profonde. Les cabanes de Muriel Patarroni et Rodolphe Baudouin, faites de bric et de broc, de bois usé, de tôles rouillées et de cordes pendantes, incarnent cette esthétique du délaissé et du fragile. Leur désordre apparent semble les suspendre au monde, comme détachées de toute attache solide au sol. Ce sont des abris aériens, presque flottants, des refuges en marge du réel. Elles disent un retrait, non pas fermé, mais ouvert à un autre type de présence. Amélie Labourdette prolonge cette idée dans ses photographies où la cabane devient un seuil vers la nature. Les cinq fenêtres qu’elle propose ouvrent sur des enchevêtrements de racines et de branches, baignés dans une lumière dramatique et sombre. Cette plongée dans les profondeurs de la terre évoque un monde archaïque, protecteur, presque matriciel. L’obscurité y est autant cachette que réceptacle, lieu d’acceptation d’une solitude intérieure féconde. Les cabanes multi-matériaux de Muriel Patarroni et Rodolphe Baudouin incarnent une esthétique de l’éphémère et du fragile… C’est là toute la puissance métaphorique de la cabane : elle incarne l’intériorité, ce lieu intime trop souvent négligé. Elle offre une enveloppe physique au travail psychique ou spirituel, comme si le retrait du corps dans un espace confiné ouvrait une voie vers l’exploration de soi. La cabane n’est pas une clôture, mais une chambre d’échos où les pensées prennent forme, se clarifient. Chez David Guez, la cabane devient humaine : un cercle de bras tendus vers le ciel, vu du sol, cerclé de couvertures de survie argentées. L’ouverture centrale laisse apparaître un arbre nu et un ciel bleu clair. Ce geste collectif, solidaire, fait du corps humain un refuge face à la vulnérabilité. Les mains levées évoquent l’entraide, l’espoir, un lien entre le ciel et la nature, entre l’individu et la communauté. La cabane géométrique et flottante de Philippe Calandre contraste fortement avec celles de Muriel Patarroni et Rodolphe Baudouin. Fait de blocs cubiques répétés à l’infini, cet espace semble inhumain, presque carcéral. Aucune ouverture, aucune végétation, aucune lumière ne vient perturber sa clôture mentale. Une petite échelle suspendue au centre paraît dérisoire face à l’immensité du système, renforçant l’idée d’un enfermement systémique. Ici, la cabane ne protège plus, elle isole. Elle devient un espace mental pur, abstrait, hermétique au monde. C’est tout l’inverse de la cabane photographiée par Sandra Matamoros, qu’elle met en dialogue avec un ciel étoilé. Cette juxtaposition visuelle produit une tension poétique saisissante : entre l’abri et l’échappée, entre la sécurité du repli et le vertige du cosmos. La cabane regarde les étoiles comme un être humain contemple son désir d’évasion. Elle est le point de départ d’un mouvement intérieur vers l’infini. Le regard passe de l’intérieur au ciel, de la matière

RODOLPHE BAUDOUIN

Sculpteur et illustrateur,
J’ai exploré tous les domaines où le volume s’invite, de l’événementiel à la presse en passant par la figurine, le jouet, le design, la céramique, le spectacle, l’art contemporain…
Je reviens désormais sur une recherche plus personnelle en me servant du thème de la cabane comme support à mes réflexions ce qui, en résumé, me permet de voyager léger dans le monde de l’art.
Je m’intéresse aussi à l’aspect éphémère et provisoire de la cabane. Elle reste très proche de notre présent, peu de passé, peu de futur. En revanche, une grande force d’évocation ancrée dans notre imaginaire.

PHILIPPE CALANDRE

Depuis une dizaine d’années, le travail de Philippe Calandre s’articule autour l’architecture et plus récemment de l’utopie. A partir de 2012, il utilise la technique du photomontage pour introduire de l’imaginaire sur des sites réels. La splendeur des paysages de Philippe Calandre tient à un équilibre subtil entre le passé, le futur et le présent. L’utilisation du noir et blanc ou bien de couleurs estompées donne à ses compositions une valeur a-temporelle. Le photographe nous transporte ainsi vers des contrées indéterminées dans lesquelles nos rêves et notre inconscient peuvent se projeter.

Ces utopies font subtilement écho à toute une culture littéraire, architecturale et cinématographique.
On pense notamment à Thomas More, fondateur du concept de l’utopie au XVIème siècle, à la cité babélienne de Fritz Lang dans le film Métropolis et aux créations futuristes de l’architecte Antonio Sant’Elia.

L’originalité de Philippe Calandre réside aussi dans la redondance du motif de l’architecture industrielle. Dans la série Isola Nova (commande de la Fondation Wilmotte en 2013), elle s’imbrique savamment aux bâtis prestigieux d’une Venise ancienne. Dans Méta Locus, elle s’impose au regard, hérissée de cheminées et de silos, tel un labyrinthe dont on ne peut trouver ni l’entrée ni la sortie. Ces structures étranges surplombent des paysages désertiques dans toute leur immuable et mystérieuse beauté.
Vides de présence humaine, les utopies architecturales de Philippe Calandre sont sublimées par la précision extrême qu’il apporte au montage de ses images. Leur grand réalisme tient notamment à la maîtrise des ombres portées, de la luminosité et des fondus au gris qui ne laissent transparaître le moindre raccord.
Porté par la liberté de création que lui inspire le médium photographique, Philippe Calandre en est venu à inventer ses propres formes repoussant ainsi les limites initiales de la « camera obscura », en la détournant de sa fonction reproductive.

Juillet 2017, Galerie Goutal

DAVID GUEZ

Depuis 1995, David Guez réalise des projets artistiques dont les deux moteurs fondamentaux sont :

– La notion de « lien » : lien social, lien entre les différents médiums et entre les différentes pratiques, lien associé à une idée de l’altérité où les nouvelles technologies seraient le moyen d’échanger avec l’autre.

– La notion de « public », au sens le plus ouvert du terme : « un art ouvert et disponible à tous les publics » et au sens politique et social : « un art qui questionne les libertés publiques et intimes et qui propose des alternatives ».

Ces deux approches lui ont permis d’inventer des « objets » et des « matrices » qui questionnent des sujets contemporains et leurs liens avec les nouvelles technologies et les sciences. Il s’agit de thèmes aussi variés que les médias libres, la psychanalyse, le rapport au temps, les usages collaboratifs de l’internet, les problèmes d’identité, de pertes de liberté et les questions d’archivage. Depuis 2021, Il publie des essais et fictions a fondé une maison d’édition : Les Editions L (www.editions-l.fr)

Ces projets sont exposés en France et à l’international dans des musées, centres d’art et universités et festivals. (Centre Pompidou, Jeu de paume, Gaieté lyrique, ISEA, Opéra Bastille, Laval Festival, Banff,…).

Ils ont reçu de nombreux bourses et prix et pour certains des acquisitions de musées et fondations.

AMELIE LABOURDETTE

Amélie Labourdette (1974, Troyes) vit et travaille à Paris. Artiste-chercheuse et photographe, elle est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Nantes. Son oeuvre a été présentée lors d’expositions personnelles et collectives en France et à l’étranger, notamment en Suisse, au Royaume-Uni, en Tunisie et en Italie. Parmi ses expositions personnelles les plus notables figurent le Salon unRepresented by appr oc he en 2024 (Paris), KÓSMOS à la Galerie-Artothèque Pierre Tal-Coat lors des Rencontres Photographiques de Lorient en 2023, Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres à la Galerie Michel Journiac en 2022 (Paris), Cet autre monde qui est aussi le nôtre à l’Open School Gallery en 2019 (Nantes), Traces d’une occupation humaine à la Galerie Le Carré d’Art en 2018 (Chartres-de-Bretagne) et Empire of dust à la Galerie Thierry Bigaignon en 2017 (Paris).

Bénéficiaire de nombreuses bourses de recherche et de production. Elle est notamment lauréate de la catégorie Architecture du Sony World Photography Awards en 2016. Elle obtient en 2017 la bourse de soutien à la photographie documentaire contemporaine du CNAP. En 2020, elle est finaliste du Prix Découverte Louis Roederer.

Ses œuvres font partie de collections privées et publiques. En 2021, elle intègre la Collection Photographique du Centre National des arts Plastiques (CNAP) avec 5 tirages photographiques de la série KÓSMOS.

Depuis 2015, elle a réalisé des résidences artistiques en Italie du Sud (Agire Residenza Arte en Sicile), dans le Gouvernorat de Gafsa en Tunisie, ainsi qu’aux États-Unis dans le Sud-Ouest américain (Fieldwork Marfa) et dans l’État de New York (New York State Museum, Albany NY), ce qui lui a permis de développer ses projets.

SANDRA MATAMOROS

Sandra Matamoros vit et travaille à Paris. Après l’obtention d’un diplôme en arts plastiques à Paris – la Sorbonne, elle intègre l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, dont elle sort diplômée en 2000.

Lauréate du 68e Salon de Montrouge en 2025, Sandra Matamoros se consacre à la photographie et aux installations photographiques depuis 7 ans, Ceci vient s’inscrire dans un long cheminement qui a commencé par une première carrière dans le cinéma.

Elle réalise plusieurs court métrages primés, et écrit un long métrage. C’est en travaillant sur l’atmosphère de ses films que Sandra développe un univers photographique riche et personnel. C’est donc le cinéma qui l’a menée à la photographie. On en trouve des influences dans son travail actuel : chaque exposition, chaque série tisse un fil narratif que chacun peut s’approprier; Son travail traite de la relation de l’homme à la nature, et de nos états intérieurs, de notre capacité à la réparation avec le soutien de la nature. Exposée en France et à l’international, soutenue par de nombreux collectionneurs, ses œuvres ont intégré plusieurs collections, dont la fondation Emerige.

En 2024, Sandra participe au salon UnRepresented, soutenue par le collectionneur Jacques Deret, fondateur du prix Art Collector. Elle participe également, avec le soutien de CulturFoundry et de l’Institut français, à la Noise Art Fair à Istanbul, première foire d’art numérique, dont le commissariat est assuré par Dominique Moulon. En 2023 elle est lauréate de la résidence Planches Contact de Deauville qui se conclut par une installation photographique monumentale sur la plage. Elle participe pour la seconde fois à NUIT BLANCHE Paris, à l’église Saint-Ambroise, et présente également son solo show à Paris “Empreinte Cosmique” en Juin 2023 à la galerie DIX9, soutenue par CulturFoundry, et avec la commissaire d’exposition Marie Gayet.

 

MURIEL PATARRONI

Née en 1973 à Paris, Muriel Patarroni grandit en Seine-Saint-Denis puis à Paris dans un environnement très urbain tout en développant depuis l’enfance une attirance particulière pour la nature et pour les arts. Après l’obtention de son diplôme à l’ENSAD en scénographie et après un temps à travailler dans ce domaine, elle s’oriente vers une carrière d’artiste plasticienne tout en accompagnant sa pratique professionnelle par une démarche de transmission. Ainsi, elle enseigne les arts plastiques et le dessin en particulier dans diverses structures de formation (ateliers pour enfants, amateurs d’arts ou associations de quartier en Seine-Saint-Denis, écoles supérieures privées et école nationale supérieure d’architecture). A ce jour elle est maître de conférence associée en arts plastiques et visuels à l’Ecole Nationale Supérieure de Paris La Villette.

L’observation des transformations du paysage et des changements du monde naturel sont à la source de ses recherches artistiques. C’est une curiosité sur l’évolution du vivant, la biodiversité et ses échelles multiples (du microcosme au paysage) qui porte son œuvre plastique. Captivée par le vivant, elle explore ses correspondances et nos connexions sur divers plans : anatomiques, historiques et sociaux. Son regard s’est formé à travers la pratique du dessin et ses œuvres tendent à être un miroir de nos liens avec notre environnement, nos propres transformations et de notre façon d’habiter le monde. Sa formation de scénographe a cultivé son attention particulière à l’espace ainsi qu’une façon de le penser et de le représenter. Elle développe un travail en maquette et en dessin autour de la cabane, de l’abri et de la cité s’intéressant à l’architecture vernaculaire et «naturelle». Artiste plasticienne, elle ouvre sa pratique à divers médias : le dessin, la peinture, la céramique, la maquette et l’installation.

Elle collabore avec plusieurs galeries : Dufay/ Bonnet (Paris), Galerie Hus (Paris), Claire Corcia (Paris), Galerie Hus (Paris), Point-rouge Gallery (Paris et Saint-Rémy de Provence), Galerie d’A (Lausanne) et divers commissaires d’expositions tels que Laurent Quenehen et Jeanne Gatard. Elle expose aussi son travail lors de résidences (La Laverie à La Ferté-Bernard) ou en centre d’art (Centre Tignous d’art contemporain à Montreuil, 100Ecs à Paris) et au Musée de Villeneuve sur Yonne…