73 rue des Haies
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Du mercredi au dimanche |
Exposition LOCUS AMOENUS // |
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Le locus amoenus est une expression désignant un lieu idyllique, agréable et charmant, d’une grande beauté. Elle est particulièrement utilisée dans la littérature latine classique au Moyen Âge, à la Renaissance, mais déborde et glisse aussi à travers l’époque moderne et contemporaine, notamment chez Baudelaire. L’exposition rassemble les œuvres de cinq artistes, disparates et similaires, féminins et masculins, se rejoignant ou s’étirant formellement, jouant de la lumière, de contradictions et de déformations. Ainsi, les « Sensitive paintings » de Dimitri Mallet remettent en question notre mode d’observation du monde. En laissant la chaleur modifier sa couleur, l’artiste offre au spectateur la possibilité d’une vision furtive de l’œuvre, authentique et unique, fixée à un temps donné, à une température donnée. Ses « paysages » - abstractions tangibles retranscrivant les tâches lumineuses que nous voyons lorsque nous avons les yeux fermés - absorbent notre regard et plonge notre imaginaire dans l’invisibilité d’un monde que l’artiste tend à mesurer. Cette conscience de l’infini résonne dans l’œuvre de Guillaume Gouerou. Fasciné par la matière et ce qui s’y passe, l’artiste questionne notre rapport à la physicalité du monde. Un monde d’atomes et de molécules, de fusion et de mélange, mais aussi de plis et de reflets. Ses deux icositétraèdres sont des sculptures jumelles - en cuivre -aux formes similaires, images de l’une et de l’autre dans un miroir. Pourtant, elles diffèrent : l’une reflète au mur les prismes lumineux de sa propre surface alors que la seconde reste brute. Ici, Guillaume Gouerou nous emporte au-delà du visible, nous laissant entrevoir la cosmogonie d’un paysage rêvé dont les formes célestes abritent un champ des possibles fantasmé. Cette fantasmagorie est aussi présente dans les oeuvres d’Aurélien Mauplot où l’artiste intervient au crayon sur des images issues de livres. L’artiste invente des métamondes, des reconfigurations narratives où des personnages fictifs enrichissent le récit. Ce sont Les impatiences (série des vents), des œuvres retraçant des cartographies proches d’une mise en scène mystique entremêlant fiction et réalité comme magnificence d’un voyage lointain et construction imaginaire d’un monde singulier. Marcel Dinahet retranscrit ces soubresauts du monde, tissant un fil presque imperceptible entre le visible et l’invisible, incitant le regard du visiteur à saisir la beauté impalpable de notre monde. Passionné de géographie marine, l'artiste nous plonge dans une nature brute. Le Minihic-3 saisit la fugacité d'un insaisissable mouvement de lumière comme autant d'interrogation de zones intermédiaires, d'imaginaire chimérique et de point de jonction entre l'homme et l'immensité. Le geste de restitution de cette réalité singulière s’entend aussi dans les œuvres de Flora Moscovici. Flora Moscovici travaille la peinture hors cadre, hors champ, à même le support. Libérée du châssis, l’artiste puise dans le lieu qui l’invite et le révèle en utilisant les possibilités extrêmement larges du médium pictural. La réalisation de ses peintures in situ est précédée d’un temps d’observation où l’attention de l’artiste est portée sur l’environnement, les sensations, l’architecture, la lumière et la couleur. La peinture résonne ainsi avec le lieu qui l’abrite, révélant le support dont la spatialité et la temporalité sont troublées. Pour Nelson Goodman, la fiction et la non-fiction agissent de manière similaire sur les mondes réels. Les mondes de fiction sont donc des mondes possibles, mais inclus dans le monde réel*. * Nelson Goodman « Manière de faire des mondes » Collection Folio essais Gallimard, 2006
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MARCEL DINAHET |
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Le Minihic |
MARCEL DINAHET http://www.marceldinahet.co.uk Marcel Dinahet, à l'origine, est un sculpteur et, à bien des égards, il l'est resté. Dès 1986, il immerge des objets confectionnés ou de simples galets, puis les filme et les photographie en plongée. Le geste du sculpteur, qui s'applique aux contours, c'est-à-dire aux limites des matériaux, il le convertit à présent en un mouvement du corps tournant autour d'un axe central et dote ainsi l'espace d'une dimension temporelle, celle de la durée du film. C'est désormais la caméra qui saisit et qui enregistre ce point de jonction entre l'eau et l'air, entre la terre et l'eau, entre la terre et l'air. Moins que le paysage, c'est la nature même de son geste que Marcel Dinahet interroge. Que cela rencontre le réel et les soubresauts du monde ne fait qu'ajouter à l'ambition de cette œuvre si immédiate et si simple en apparence ; mais l'univers portuaire, dans Les Flottaisons par exemple, échappe constamment à la seule dénotation documentaire pour basculer dans la désignation de ce dont l'image est faite : la matière saisie dans le temps même de son inscription. Jean-Marc Huitorel Ces lignes sont extraites d'un texte présentant les œuvres de Marcel Dinahet acquises par le Frac Bourgogne en 2003 et publié sur son site Internet à la rubrique "Collection" "L'album". |
GUILLAUME GOUEROU |
Icositetrahedron, |
GUILLAUME GOUEROU DNSEP, Villa Arson, Nice (2013) |
DIMITRI MALLET |
Senstive Painting Magenta / White 26°, |
DIMITRI MALLET DNSEP (option design), Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Lyon (2011) |
AURELIEN MAUPLOT |
Les impatiences (série des vents), |
AURELIEN MAUPLOT http://aurelienmauplot.com/Site/index.html Mes premières recherches (2008/2009) se concentrent sur le livre 7 de La République de Platon, dans lequel il présente l’allégorie de la caverne. Entre 2011 et 2014, je réalise Les Possessions : impression noire de cartes de pays, d’îles et d’archipels sur les pages du Tour du Monde en 80 jours de Jules Verne. Cette oeuvre est présentée au 59ème Salon de Montrouge, à la Galerie Eponyme (Bordeaux, décembre 2017) et conclue l’exposition Le temps de l’île au Mucem à Marseille (été 2019). En 2014, je définis le Cycle d’explorations du Monde à distances qui cadre ma pratique. La même année, j’initie des recherches axées sur la ligne de Karman et La grande crevasse de Roger Frison-Roche. En 2015, Hélène Fincker directrice de la Maison Abandonnée {Villa Caméline}, à Nice m’offre une exposition personnelle. J’y présente des recherches autour d’une île, prénommée Subisland, dont personne n’a jamais entendu parler. Jélabore mon projet avec l’IGN, l’IFREMER et le Muséum d’histoire naturelle de Nice. Cette exposition est charnière et marque un tournant décisif dans mes recherches : je cesse de créer à partir d’oeuvres littéraires existantes au bénéfice d’un récit qui m’est propre. Ainsi née Moana Fa’a’aro, présentée, accueillie et accompagnée depuis par de nombreux partenaires (Palazzo Lucarini, Ramdam un centre d’art, Documents d’artistes Nouvelle Aquitaine, Galerie Eponyme, Dos Mares, la DRAC, la Région Nouvelle Aquitaine et l’Institut Français...). En janvier 2016, Rebecca François, conservatrice, m’invite à présenter les premières oeuvres de ce nouveau projet au MAMAC de Nice. A l’été 2018, dans le cadre d’une résidence au Chili, je me rends sur l’île Navarino en face du Cap Horn. |
FLORA MOSCOVICI |
Crossing the Kargav, |
FLORA MOSCOVICI DNSEP avec les félicitations du jury, École Nationale Supérieure d'Arts Paris-Cergy (2011) Flora Moscovici est née en 1985. Elle vit et travaille entre Paris et Brest. |
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